J’ai commencé à vraiment m’intéresser au phénomène de la Smart City (ou Ville Intelligente) il y a 3 ans, lors d’un de mes voyages au CES de Las Vegas.
Parmi les nombreuses révolutions technologiques, on nous parlait du futur de la ville connectée, avec la clé, un chiffre d’affaires mondial de 1400 milliards de dollars à horizon 2020. Un chiffre colossal qui attise forcément les convoitises, mais qui n’implique pas pour autant qu’il s’agit d’argent facile.
En effet, la Smart City, pour qu’elle fonctionne, implique de profonds changements d’infrastructures, et emmène avec elle des enjeux énormes : économie d’énergie, gestion des déchets, mobilité, sécurité… Dans bien des cas, la smart city s’appuie sur les objets connectés, mais ce n’est pas son seul champ d’application : elle s’appuie aussi sur la data, l’innovation technologique, l’initiative citoyenne…
La Smart City entend mettre la technologie au service de ses habitants. L’usager est placé au coeur d’un réseau d’information qui permet d’optimiser les ressources, et de favoriser un développement raisonné et durable.
Et c’est toujours dans le cadre des annonces du CES (2019 cette fois-ci) que j’ai pu mesurer l’implication sur ce sujet d’un des leaders de l’énergie en France, à savoir Engie. Ce sujet est principalement traité dans une thématique désignée en interne par Smart World, qui couvre la mobilité, la Smart City et les Smart Buildings. Ce sont ainsi 22 projets menés par des collaborateurs ou co-construits avec des startups partenaires (Engie a emmené 12 partenaires au CES 2019) qui ont été présentés par Engie. Parmi eux, la plateforme Livin’ qui facilite la gestion de l’éclairage public, la régulation du trafic, la sécurité, le stationnement, le suivi environnemental, les bornes de recharge électriques, la planification urbaine, ou la gestion des panneaux à message variable. Livin’ est déjà en test dans 3 villes dans le monde (Niterói et Florianópolis au Brésil et La Baule en France).
Autres exemples, celui du partenariat avec la startup Flashnet et de son service inteliLIGHT, qui est une solution d’éclairage public intelligente et connectée, qui peut augmenter les économies d’énergie jusqu’à 35% et réduire les coûts de maintenance de 42%. Ou encore celui avec Nokia et sa solution Wireless PON, pour apporter le haut débit Gigabit aux particuliers et aux entreprises, le très très haut débit étant une condition impérative pour l’établissement d’une Smart City efficace.
Côté mobilité, Engie collabore avec la société StreetLight Data (au sein de laquelle elle a pris une participation minoritaire), qui traite des milliards de points de données géospatiales pour mesurer comment les piétons, cyclistes, voitures et autres modes de transport interagissent. Leurs données entendent contribuer à des réseaux de transport plus efficaces, durables et sûrs, en résolvant la congestion automobile, en optimisant les nouvelles infrastructures, en planifiant les besoins en véhicules autonomes et électriques.
S’attarder sur ce dernier point des véhicules autonomes permet de prendre la mesure du défi et de l’immensité de la connexion des villes : une voiture connectée qui interagit avec un individu connecté, des feux connectés, un passage piéton connecté, des lampadaires connectés, d’autres véhicules connectés… Les interactions et le nombre de calculs en temps réel donnent le tournis, et une bonne idée du volume de données qui vont transiter dans le futur et des prises de décisions automatiques qui seront effectuées sans droit à l’erreur.
Engie a calé sa nouvelle stratégie avec tous ces enjeux, et les a rassemblés autour de ses 3D : Décarbonisation, Digitalisation, Décentralisation. Le groupe est conscient que d’ici 2050, les 2/3 de la population mondiale vivront dans les villes. Il faut donc anticiper ce changement et poser dès à présent des bases solides, pour éviter aussi un désastre écologique, puisqu’actuellement, seulement 50% de la population mondiale vit dans les villes, et que ces dernières représentent déjà 70% des émissions de CO2.
Pour booster l’énergie verte, Engie s’attache donc à faire grandir la part des énergies renouvelables dans la production électrique mondiale avec les filières solaire, éolienne et biogaz. Sur le point du biogaz, ENGIE collabore d’ailleurs avec HomeBiogas, qui transforme les déchets de votre foyer en gaz de cuisson et en engrais liquide (projet très sympathique qui nécessite néanmoins un peu d’espace extérieur).
Ce qui est intéressant dans le cas d’Engie, c’est que le plan de transformation repose en grande partie sur les épaules de sa CEO, Isabelle Kocher, qui n’hésite pas à s’impliquer directement pour que les choses avancent rapidement.
Et on ne peut que saluer cette volonté, tant il est essentiel que les entreprises françaises accélèrent, et notamment dans le cas d’Engie sur le sujet de la Smart City, terrain qui est pour le moment principalement tiré par les pays d’Asie-Pacifique, même si la France a quelques bons exemples. Et après les Smart City, on pourra aussi parler des Smart Régions, comme l’Ile-de-France qui a d’ailleurs décidé de collaborer avec des filiales d’Engie pour bâtir sa plateforme de données, ou sur un plan plus petit, des Smart Homes.
A noter que les amis du Siècle Digital ont également partagé leur vision d’Engie dans cet article, en creusant notamment l’aspect Open-Innovation.
Je ne sais pas pour vous, mais je suis impatient de voir ce que nous réserve la ville de demain.